THE REMAINS OF THE DAYS

Was die Arbeiten des Kollektivs Grapain so interessant macht ist ihre Positionierung zur eigenen Zeit. So sind die Werke von einer Distanz zur Gegenwart geprägt und gleichzeitig höchst gegenwärtig.

Ein Beispiel hierfür bildet die skulpturale Serie Data Center (2011/2019/2020). In ihr schwingt die Präsentation eines musealen Exponates mit, das einer Ausgrabung entstammen könnte. Der Betrachter wird in die Rolle eines fiktiven Beobachters aus der Zukunft versetzt, der auf die Überreste der Zivilisation des 21. Jahrhunderts blickt. Doch es sind keine biologischen Evolutionsprozesse, die sich hier wie die Knochen von Dinosauriern manifestieren, sondern ehemals technologischer Fortschritt in Form von Ethernet-Kabeln. Die eigentlichen Relikte des 21. Jahrhunderts werden größtenteils körperlos sein. Maëva und Arnaud Grapain geben ihnen eine organische Gestalt und binden sie in einen zeitlichen Kreislauf ein. Das von ihnen verwendete Material müsste jedoch nicht einmal aufwändige Konservierungsmaßnahmen durchlaufen, da Kunststoff und Kupfer bereits von sich aus sehr beständig sind. Nur die Technologie trägt ihre Obsoleszenz bereits in sich, ihr Material dagegen hat fast einen gottgleichen Ewigkeitsanspruch, wie ihn Bazon Brock* zumindest für den Atommüll konstatiert.

Die Verbindung aus organischer Anmutung und toxischem „Zivilisationsmüll“ findet sich auch in anderen Arbeiten wieder, etwa in der wiederkehrenden Verwendung von Steinwolle als einem Bildträger für Druckgrafiken (z. B. in Bord de Route, 2019/2020), in der Bilderzeugung durch Erdöl (Les petits arrangements, 2017), einer malerisch erscheinenden Vedute aus Feinstaub (Poussière de pollution, 2020) einem bepflanzten Neon-Reklameschild (Morte-vivace, 2020) oder geisterhaften Landschaftsfotografien, die unter dem Einfluss von Röntgenstrahlen in Sicherheitsschleusen von chinesischen U-Bahnhöfen entstanden sind (X-Ray, 2016/2020).

Flüchtige Erscheinungen des urbanen Lebens wie Gase, Gerüche, Staub oder Licht manifestieren sich und werden beständig, andere Elemente, wie der mit Vaseline aufgetragene Werbeschriftzug des Corporate Garden (2020) werden instabil. Die glatten Oberflächen der kapitalistischen Warenwelt beginnen zu bröckeln, der urbane Stadtraum wird zusehends ruinös. Doch die Arbeiten verharren nicht in der Dystopie einer post-futuristischen Perspektive. Anna Lowenhaupt Tsing beschreibt in Der Pilz am Ende der Welt. Über das Leben in den Ruinen des Kapitalismus wie der Matsutake-Pilz als erstes Lebewesen die verseuchte Erde von Hiroshima neu belebte. Auch in der Arbeit Urban Reef (2020) scheint der Betonboden neben den verrotteten Telefonmasten aufzureißen, die darunter liegende Erde ist noch nahrhaft genug, um Grünpflanzen hervorzubringen. Sie verkörpern ein anarchisches Moment in dem Environment und lassen eine neue Aussicht auf eine spekulative Zukunft zu, wie sie Donna Haraway** beschreibt: «Um unruhig zu bleiben, müssen wir uns auf eigensinnige Art verwandt machen. Das meint, dass wir einander in unerwarteten Kollaborationen und Kombinationen, in aktiver Kompostierung brauchen. Wir werden miteinander oder wir werden gar nicht.»

Destruktion bringt Konstruktion hervor, das Bewusstsein für die Komplexität der Zusammenhänge der Arten entsteht gerade erst. Beim Kollektiv Grapain darf das «Pflanzen-Material» zum Kollaborationspartner, zum Künstlerkollegen werden. Das Kollektiv wird weiter wachsen.

Jennifer Bork M.A

* „Gott ist nicht mehr eine Frage des Glaubens, sondern Synonym für den Begriff der Endlagerungssicherheit. 15.000 Jahre Kulturdauer (kleinste Halbwertszeit) hat bisher keine Macht garantiert, aber wir.“, vgl. Bazon Brock, „Fininvest, Gott und Müll“, Dumont, Köln, S. 232

** Vgl.: Donna J. Haraway: „Unruhig bleiben. Die Verwandtschaft der Arten im Chtuluzän“, Campus Verlag, Frankfurt,
2018, S. 13.

 

 

 

 

 

Plus l’ère de l’Anthropocène progresse et s’intensifie, plus les écosystèmes révèlent les formes de leur altération profonde. L’hybridation irréversible qui se généralise entre machines, déchets, pollutions d’un côté, et nature, organique et vivant de l’autre, produit de nouveaux panoramas au caractère encore insaisissable.
C’est de cet état du monde indéterminé et contradictoire que s’empare le collectif Grapain afin de développer une œuvre où l’atmosphère apocalyptique flirte avec celle de la régénérescence. Le plus souvent, il se fait le créateur d’environnements désertés à l’esthétique radioactive, au sein desquels reposent d’étranges vestiges post-industriels issus d’une civilisation qu’on devine être extincte. En contrepied de la désolation qui s’en dégage, les artistes y injectent une nature à la force inédite, régie par des cycles de vie endurants qui semblent, paradoxalement, être alimentés par les ruines elles-mêmes.

Inspiré par les travaux de paysagistes comme Gilles Clément ou d’anthropologues comme Anna Tsing, le collectif Grapain dessine les contours poétiques et fictionnels d’un futur dystopique, permettant à
l’imaginaire de multiplier les scénarios de résilience. Pour ce faire, il provoque l’interpénétration d’éléments symptomatiques à la fois du vivant et de la mort afin que puissent surgir de nouveaux terrains de vie intraterrestre.

Si, dans ce sens, la figure du zombie moderne incarne une allégorie particulièrement évocatrice, celle des données informatiques s’affirme comme l’un des principaux leitmotiv.
Dès 2011, le collectif inaugure le début d’une série d’installations réalisées en câble ethernet qu’il aborde comme une véritable matière à sculpter. Modelés grâce à des colliers de serrage, les câbles blancs ou noir en viennent à constituer une texture en volume qui rappelle l’ossature d’un être appartenant à une temporalité archéologique douteuse. Devenues lieux alternatifs d’existence dans un monde hostile à la biodiversité, les données transmises dans ces câbles se transforment métaphoriquement en squelettes d’espèces méconnues, tantôt conservées dans une armoire réseau (Data Nudity), tantôt gisant sur une grille métallique propre au système de ventilation des centres de serveurs informatiques (Data Center).
Autre matériau fétiche du collectif Grapain, la laine de roche revient dans plusieurs œuvres du fait de son apparence ambiguë. Telle une fourrure d’animal en voie de décomposition, elle tapisse d’énigmatiques structures monumentales qui semblent sorties des eaux à la manière d’épaves séculaires que l’on aurait tout juste remontées à la surface. Dans le prolongement de l’intérêt porté pour les formes de la télécommunication, l’installation intitulée 5G, réalisée dans une vitrine d ́un offspace à
Hanovre (Allemagne), présente une antenne Internet chancelante, entièrement recouverte de laine de roche effilochée. Baigné dans une lumière bleue rejouant l’effet Tcherenkov, propre à la réaction de l’eau
lorsqu’elle entre en contact avec une source radioactive, l’engin apparaît comme un reste vacillant et effondré. On se projette alors dans un monde aux équilibres revisités où, malgré l’empreinte indélébile laissée par l’être humain avant de disparaître, les éléments planétaires auraient, quant à eux, survécu. Face à ce diorama où l’on contemple la possibilité d’une archéologie du futur, on se retrouve spectateurs impuissants de notre propre anéantissement.
De la même manière, l’environnement immersif Urban Reef, réalisé dans un ancien centre commercial en Allemagne, présente des structures que l’on imagine être les bribes d’anciennes tours électriques reliant des lignes de haute tension. Dispersée un peu partout entre des drapés de bâches plastiques et des brèches laissant jaillir la terre sous-jacente, une végétation florissante semble avoir repris le dessus, boostée par l’éclairage rose projeté par des lampes de croissance.
En dépassant les images stéréotypées généralement associées à la catastrophe, le collectif met en scène les capacités du vivant en expérimentant des espaces où se déploient, au gré des installations,
certaines formes de vie microscopique tels que champignons, blobs ou algues. Comme pour l’installation The mushroom at the end of the world , conçue en hommage à l’essai du même titre écrit par l’anthropologue Anna Tsing, où un blob réputé pour sa nature unicellulaire qui le situe en dehors du règne animal et végétal pouvait se reproduire librement à l’intérieur d’un frigo en ruine.

Ces écosystèmes surprenants, habilement trafiqués par le duo d’artistes, tissent ainsi les lignes d’une histoire fictionnelle et spéculative où l’avenir dévie par rapport à toute prédiction établie. A partir d’indices ambivalents, situés au-delà des limites traditionnelles de la culture et de la nature, le collectif Grapain offre aux spectateurs des intrigues à l’allure post-exotique où, tel que formulé dans la littérature d’Antoine Volodine, “L’étrange est la forme que prend le beau quand le beau est sans espérance” (Des anges mineurs, 1999). Nos repères se réinventent alors à l’aube d’un bousculement prochain dont l’essor reste encore tout à imaginer.

Licia Demuro

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